Six mois plus tard, le rapport intitulé « IA et enseignement supérieur : Formation, structuration et appropriation par la société », co-porté par les chercheurs François Taddei (fondateur et président du Learning Planet Institute) et Frédéric Pascal (directeur de l’Institut DataIA et Vice-Président IA de l’Université Paris-Saclay) – accompagnés par Emilie-Pauline Gallié et Marc de Falco, co-rapporteurs – dresse un constat lucide et propose des actions structurantes pour que l’enseignement supérieur devienne un acteur central de la société apprenante à l’ère de l’IA.
La restitution de la mission IA ainsi que le rapport ont été présentés le 10 juillet 2025, au Ministère de l’Éducation Nationale, en présence d’Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et de Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
L’IA, catalyseur de transformation pour l’enseignement supérieur
L’arrivée massive des IA dites “génératives” (ChatGPT, Gemini, Mistral, etc.) bouleverse les méthodes d’enseignement, d’apprentissage, d’évaluation et d’administration.
Le rapport « IA et enseignement supérieur : Formation, structuration et appropriation par la société » souligne que, faute de cadre et d’infrastructures adéquates, l’usage de ces outils reste très hétérogène et majoritairement porté par des initiatives individuelles.
Pour y répondre, six grandes actions sont proposées :
- Mutualiser les ressources : contenus, compétences, capacités de calcul, bonnes pratiques, pour favoriser l’accès équitable à l’IA et réduire les inégalités entre établissements.
- Former massivement : sensibiliser tous les étudiants et personnels, adapter les formations aux compétences nouvelles et assurer la formation des enseignants.
- Expérimenter et s’approprier l’IA : encourager les projets pilotes dans les domaines pédagogiques et administratifs, créer un programme de recherche-action.
- Transformer les établissements d’enseignement supérieur (ESS) : redéfinir le rôle des enseignants, renforcer la démocratie universitaire, créer des tiers lieux pour favoriser l’appropriation citoyenne de l’IA.
- Développer des solutions techniques souveraines : data centers, accès à des modèles européens ouverts et frugaux, contractualisation équitable avec les fournisseurs.
- Porter une politique nationale coordonnée : via un Institut « IA, éducation et société » pour piloter l’ensemble de cette stratégie.
Ces orientations s’inscrivent dans une logique d’inclusion, de justice cognitive, de souveraineté numérique et de responsabilité environnementale. Elles visent à permettre une adoption critique, éthique et efficace de l’IA.
Un nouveau pacte pour la société apprenante
Les ESS, avec leurs 3 millions d’étudiants, leurs compétences pluridisciplinaires et leur mission sociétale, sont appelés à devenir des lieux d’expérimentation et de transformation à l’ère de l’IA. Selon les deux chercheurs, ne pas s’emparer de ces enjeux créerait un décalage sérieux entre formations et réalités sociétales, incompréhensible pour les étudiants.
Leur rapport appelle à un rattrapage des retards accumulés dans les transitions numériques précédentes, et ce afin de ne pas être déclassés, technologiquement et géopolitiquement.
Le financement nécessaire est estimé à entre 300 et 500 M€ sur cinq ans.
En conclusion, la mission portée par F. Taddei et F. Pascal n’appelle pas à un simple ajustement technologique, mais à une réinvention collective de l’enseignement supérieur. Une IA au service de tous, à la fois levier de transformation et enjeu d’émancipation, pour bâtir une société plus juste, plus apprenante et plus souveraine.
Aller plus loin
- Lire l’intégralité du rapport IA et enseignement supérieur : Formation, structuration et appropriation par la société
- L’Institut DataIA de l’Université Paris-Saclay